Comment lutter contre les attaques parasitaires

  • By Garba Barthe et Issaka Mamane Ali, CRS
  • 11/04/2017

Producteur de Zoribi ayant testé le sac de lâcher au Niger, le 7 septembre 2016. Photo prise par Amaguirguis Abdoulaye

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Le Niger est le troisième pays producteur de mil (pennisetum glaucum) dans le monde après l’Inde et le Nigeria.

Le mil est la principale culture vivrière du Niger et ses grains sont consommés sous forme de pâte, bouillie, boule, couscous ou encore de galettes. Dans certaines régions du pays, les grains sont utilisés pour la fabrication de boissons alcoolisées.

Cependant, chaque année cette culture subit diverses pressions parasitaires tel que les sautériaux, les foreurs de tiges, les insectes floricoles, et la mineuse de l’épi à travers les différentes zones de production.

Selon ces ennemis de cultures, les attaques peuvent carrément compromettre les récoltes. C’est le cas de la mineuse de l’épi (heliocheilus albipunctella) qui occasionne des dégâts pouvant engendrer des pertes de rendement allant jusqu’à 85%.

En réponse à plusieurs producteurs de mil des communes d’intervention du projet SUR1M ayant signalé l’émergence de cette chenille dans leurs champs, une expérience pilote a été initiée pour la prospection des foyers et les stades de développement des cultures.

Ainsi, 69 agriculteurs de 21 villages ont été formés sur l’utilisation des sacs de lâcher contenant un parasite appelé Bracon (habrobracon hebetor) pour faire face à l’attaque. Le sac à lâcher est constitué d’un sac de jute contenant le mil avec des œufs de bracons qui bouclent leur cycle au bout de 11 jours.

Une fois le sac placé dans le champ, l’éclosion intervient et les bracons se disséminent dans le milieu pour rechercher les chenilles. Cette technique est développée au Niger depuis 1997 par le service de la protection des végétaux ainsi que plusieurs institutions de recherche comme seul moyen pour contrôler la mineuse de l’épi du mil.

Après la formation, les producteurs ont reçu des kits (190 sacs de lâcher et 20 boites de pétri) à tester dans leurs champs infestés. C’est environ 105,500 hectares de cultures de mil que les kits étaient censés couvrir.

Deux mois après l’opération, les premiers témoignages sont recueillis. Soumana Moussa, producteur de Borgo Beri, déclare que "c’est la première fois que je récolte le mil de mon champ sans aucune trace d’impact de dégâts de la chenille au niveau de l’épi."

Mahamane Abdou, producteur de mil de Inabaou, dit que "quand le projet SUR1M a amené cette technologie certaines personnes au village n’y croyaient pas, ils étaient sceptiques. Mais petit à petit ils ont constaté le miracle car les chenilles ont disparu à cause de l’action et nous avons eu une bonne production du Mil. Maintenant tous veulent le même kit."

"Quand les prédateurs ont été lâchés, les dégâts des mineuses se sont arrêtés net dans les champs. Dans la zone nous cherchons ce genre d’initiative et nous sommes très satisfaits des résultats trouvés. Le constat est net avec les zones ou l’action n’a pas été entreprise," a témoigné Gousmane Almoktar du village de Tatalakat.

Dans la commune de Kokorou, les producteurs interrogés rapportent que "trois jours après le lâcher, la chenille mineuse a disparu et ce jusqu’à la récolte. Nous sommes émerveillés par ce qui s’est passé, personne ne peut expliquer comment la chenille ravageuse s’est envolée."

D’autres témoignent aussi que "même sur la culture du niébé il n’y a pas eu de chenilles dans les zones où les prédateurs ont été lâchés. Il y a des années, qu’on a pas vu des arbres fleurir comme pendant cette campagne."

Cette méthode pour éradiquer la chenille mineuse de l’épi du mil est peu coûteuse, efficace et à la portée des producteurs. Son intensification préservera les récoltes de futures attaques et améliore du même coup les revenus des populations, permettant de renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel.

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