Affiche de campagne du candidat Ibrahim Boubacar Keïta dans une rue de Bamako, 20 juillet 2018. Fondation Thomson Reuters/Soumaila Diarra.
À Bamako, sur les affiches des candidats à l’élection présidentielle placardées à tous les coins de rue, les regards sereins et sourires à pleines dents des politiciens donnent le ton.
C’est l’accalmie, après les soupçons de fraude électorale suite au premier tour de l’élection présidentielle du 29 juillet.
Mais pour certains électeurs, une toute autre source de tension reste à fleur de peau.
Alors que l'extension des villes empiète sur les terres paysannes, plusieurs agriculteurs dans ce pays désertique d’Afrique de l’Ouest se soucient surtout ces jours-ci de l’accaparement des terres.
Dans l’espoir d’attirer l’attention des politiques sur l’urgence de mesures pour freiner la menace qui pèse sur les terres agricoles, les exploitants agricoles familiaux ont donc adressé aux candidats un manifeste le 19 juillet dernier.
Le prochain président doit « assurer la mise en place effective et le financement des commissions foncières », recommande le manifeste.
Le foncier agricole agitait le débat politique malien bien avant la campagne électorale, explique Boukary Guindo, qui fait partie des auteurs du manifeste.
Mais le secrétaire permanent du Réseau de plaidoyer pour la sécurisation foncière agricole, une association paysanne basée à Bamako, dit craindre que le problème foncier n’accentue à présent les souffrances des paysans qui luttent contre un climat difficile.
Le changement climatique sévit avec des sécheresses récurrentes qui détruisent une part toujours plus grande des récoltes.
« Si ce problème doit s’ajouter aux effets du changement climatique, nous n’allons pas nous en sortir », dit-il.
Ni le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, ni son principal rival Soumaïla Cissé n’ont signé la lettre d’engagement, qui a été rédigée par l’ONG locale CAD-Mali et les syndicats et autres organisations paysannes du pays.
Mais les organisateurs parlent néanmoins d’un succès mitigé.
« Notre objectif était d’attirer l’attention des candidats sur les problèmes, ce qui a été fait puisque nous avons pris contact avec les candidats les plus influents y compris les deux finalistes », explique Souleymane Dembelé, directeur-exécutif de CAD-Mali.
Huit personnes sur dix parmi la population active oeuvrent dans le milieu agricole au Mali, selon les Nations Unies.
Si seulement quatre des 24 candidats avaient signé la lettre à la veille du premier tour du scrutin, jamais la question foncière n’avait auparavant soulevé un tel débat lors d’une élection présidentielle malienne, dit Abdoulaye Koureissy, membre de la Plateforme nationale des producteurs de riz du Mali.
« Notre candidat a signé la lettre d’engagement pour changer des pratiques de ce genre. Sa priorité, c’est l’agriculture », se réjouissait avant le premier tour de l’élection Daba Doucouré, un militant rencontré au quartier-général de campagne du Rassemblement pour le développement du Mali, le parti du candidat, défait, Cheick Modibo Diarra.
À QUI DE DROIT?
La loi malienne reconnaît le régime de propriété foncière coutumier.
Une loi adoptée en 2017 prévoit la documentation des droits fonciers coutumiers en créant de nouveaux titres reconnus par l’Etat .
Néanmoins, les propriétaires continuent d’être déplacés quand les multinationales et les investisseurs locaux achètent des terres utilisées par des agriculteurs n’ayant pas les titres pour revendiquer leur propriété, selon les auteurs du manifeste.
Le nombre des victimes de l’accaparement des terres est difficilement quantifiable vu un système judiciaire souvent inefficace, explique Guindo.
Citant un chiffre fourni par les autorités judiciaires en 2017, celui-ci estime que 90 pour cent des jugements au travers du pays portent sur les litiges fonciers.
En milieu rural, les plaintes et dossiers déposés auprès des juges sont encore plus élevés, estime Guindo.
Les conflits terriens opposent souvent les investisseurs internationaux aux fermiers à petite échelle, explique Ousmane Traoré, sociologue et consultant à Bamako.
Deux-tiers des agriculteurs maliens exploitent moins de 5 hectares de terre, selon la Banque mondiale.
« Tantôt ce sont les firmes internationales pour lesquelles nos terres sont bradées. Il y a des baux dont les nationaux ne profitent pas », dit Traoré.
Dans une étude publiée en 2011, l’universitaire française Florence Brondeau parle de la remise en question par l’état malien de l’agriculture familiale au profit de l’agriculture de grande échelle.
À titre d’exemple, la chercheure pointe du doigt l’acquisition en 2008, pour 50 ans, de 100,000 hectares de terres fertiles dans l’Office du Niger, situé en plein cœur agricole du pays.
Selon les termes de l’entente, les terres étaient fournies gratuitement à condition que la Libye y construise des canaux et des routes pour y cultiver le riz et le bétail.
Les cas de Sanamadougou, un village de près de 3,000 habitants, et de Saou, environ 2,000 habitants, dans la région de Ségou au sud du pays sont aussi régulièrement cités comme mise en garde.
Le projet par une firme malienne, le Groupe Keita, oppose des habitants « qui cultivent ces terres depuis des siècles », explique Traoré, à un investisseur souhaitant y construire une usine de pâtes et de couscous.
« Les habitants des villages de Sanamadougou et Saou…avaient refusé de quitter leurs terres agricoles au début du projet, » explique un rapport publié en 2016 par la Banque africaine de développement, qui a facilité le projet.
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