La radio communautaire pour la résilience

  • By Lancelot Soumelong Ehode, IED Afrique
  • 27/06/2016

Animation d'une emission radio à Kounghuel (Kaffrine), Senegal, en 2013. IED Afrique

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Au Sahel, dans un contexte marqué par une forte vulnérabilité des systèmes de productions aux extrêmes climatiques, les populations ont grand besoin d’information sur le climat afin d’adapter leurs activités agricoles et pastorales.

Pour répondre à ce défi, des radios communautaires s’efforcent de sensibiliser les communautés des régions d’Afrique subsaharienne à la bonne gestion des ressources naturelles.

Véritable outil de communication et d’information de proximité, la radio communautaire va aujourd’hui au-delà de la simple information et prend de plus en plus le rôle d’acteur clé de développement. Elle possède également une mémoire institutionnelle qui en fait un gardien du savoir local.

C’est le constat fait par le projet Décentralisation des Fonds Climat (DFC) au sein du programme BRACED, qui depuis plusieurs mois appuie une dizaine de radios communautaires dans les régions de Mopti au Mali et de Kaffrine au Sénégal.

En partenariat avec les services nationaux de météorologie, ces radios ont accès à de l’information climatique (notamment des alertes précoces sur des événements extrêmes tels que des vents forts, des pluies diluviennes ou des pics de température) qu’elles diffusent sur leurs ondes, contribuant ainsi à renforcer la résilience des communautés.

 

SENSIBILISER AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Au niveau des communautés locales, la radio est un canal de communication et d’information qui peut s’avérer formidablement efficace.

Elle garantit aux agriculteurs et aux éleveurs un accès rapide à des informations météorologiques fiables et susceptibles de les aider à adapter leurs pratiques agricoles et d'élevage pour absorber les chocs climatiques.

Momath Talla Ndao, coordonnateur de programme à IED Afrique (Sénégal), estime en effet que "l’utilisation de cet outil s’explique par l’importance de l’accès à l’information dans le renforcement des capacités d’adaptation des communautés."

Il ajoute que "plus les communautés ont accès à l’information, plus elles augmentent leurs opportunités, plus elles renforcent leurs capacités à faire face aux risques climatiques."

Dans les zones où interviennent ces radios, les communautés font face à des risques climatiques importants et ont un accès très réduit à l’information et aux solutions d’adaptation très souvent consignés dans de grands rapports. Dans de telles situations, les radios communautaires assurent le relais de l’information et la diffusion des bonnes pratiques à grande échelle.

ENCOURAGER LA PARTICIPATION

S’appuyant dans la majorité des cas sur un personnel local bien au fait des réalités du terroir, les radios fonctionnent sur le principe de participation.

Beaucoup d’acteurs tels que des chefs de village ou des familles sont impliqués non seulement dans son fonctionnement, mais aussi dans l’animation d’émissions réalisées dans un langage clair et accessible aux producteurs.

La radio communautaire est le plus souvent animée en langue locale. C’est ainsi qu’à Mopti par exemple, dans le nord du Mali, les émissions sont réalisées en Bambara ou en Peulh, deux des langues locales les plus utilisées.

A Kaffrine, la langue qui domine sur les radios est le Wolof, la plus parlée en milieu rural –  et utilisée par plus de 80% de la population. Des émissions sont également animées en Peulh, langue à laquelle les éleveurs sont plus réceptifs.

UN NOUVEAU SOUFFLE

Dans les régions de Kaffrine et de Mopti, tout le monde ou presque a accès à la radio, que ce soit à travers un poste radio ou une application préinstallée sur un téléphone portable.

Elle est notamment écoutée par des producteurs (agriculteurs, éleveurs etc.), des élus locaux, des autorités administratives et techniques, la société civile, ainsi que des bénéficiaires du projet DFC.

Grâce l’appui du projet DFC, les radios communautaires disposeront de ressources financières nécessaires aussi bien pour fournir des bulletins de suivi des projets dans les communautés que pour diffuser des alertes précoces sur la variabilité saisonnière, et étendre les réseaux d'informations climatiques aux agriculteurs et éleveurs.

Ce travail est en train d’être fait en partenariat avec les services météorologiques et hydrologiques nationaux (comme l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie du Sénégal).

Selon Aly Bocoum (NEF-Mali), "avec le démarrage du financement des projets et le suivi des investissements, les radios diffuseront beaucoup de témoignages des bénéficiaires des financements, d’interviews, et de débats publics avec les acteurs à tous les niveaux."

Les populations pourront ainsi se référer à des cas concrets d’adaptation en cours dans les villages et les communautés qui les entourent.

Des émissions davantage tournées vers les femmes et des clubs d’écoute communautaires permettront également aux groupes les plus vulnérables aux extrêmes climatiques, – notamment les femmes et les jeunes –  de se regrouper pour suivre ensemble des émissions radios et renforcer leur pouvoir d’action.

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