La chaleur extrême accentue la pénurie d’eau au Mali

  • By Soumaila Diarra
  • 09/05/2017

Des habitants du quartier de Mamaribougou attendent leur tour devant un robinet près de Bamako au Mali, le 25 avril 2017. Thomson Reuters Foundation/Soumaila Diarra

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BAMAKO - Des habitants font la queue toute la journée pour avoir de l’eau potable devenue rare, devant le château d’eau de Mamaribougou, un quartier à la périphérie de Bamako, la capitale malienne.

Une forte chaleur avoisinant les 45°C, aggravée par le changement climatique, s’est abattue sur le pays.

"Pour avoir de l’eau à temps, je suis obligée de me lever dès l’aube, au moment où beaucoup de gens dorment encore," explique Fanta Camara, une jeune femme, assise sur un bidon d’eau.  Il n’y a pas suffisamment de robinets dans ce quartier populaire dont les habitants en cette période de forte chaleur.

La pénurie d’eau affecte l’agriculture périurbaine dont dépend la population de Bamako, et rogne sur les revenus des producteurs.

Depuis plus de deux mois, l’eau ne vient qu’à compte goûte des rares robinets connectés au réseau de la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP), l’entreprise publique en charge de la distribution de l’eau potable au  Mali. Ce sont les ménagères qui souffrent le plus de cette pénurie d’eau, certaines pouvant passer plus de cinq heures d’attente.

C’est une des conséquences du changement climatique qui frappe de plein fouet le secteur de l’eau potable avec un accent particulier. "Le niveau des nappes phréatiques s’est abaissé. Il n’y a pas que Bamako. Nos 18 centres de pompage d’eau potable liés à des forages à travers le pays n’arrivent pas à fournir assez d’eau," a affirmé Boubacar Kane, le directeur général de la SOMAGEP.

L’une des causes de la baisse des nappes phréatiques est le déplacement des isoètes, les lignes de pluies, à cause du changement climatique. Selon Boubacar Kane, certains isoètes de pluies abondantes qui étaient au Mali il y a 30 ans se trouvent actuellement plus au sud, sur le territoire ivoirien.

Mais les forages ne sont pas les seules installations à être affectées par le changement climatiques. En 2015, les crépines sur le fleuve Niger dans la région de Ségou étaient dénudées si bien que l’entreprise a été obligée de creuser pour résoudre le problème qui était loin de se poser à l’époque où les infrastructures ont été installées dans les années 1960.

Comme ailleurs, dans le quartier de Mamaribougou, la canicule est une période de forte consommation d’eau pour les ménages qui mobilisent tout le monde. "Les gens ont besoin de beaucoup d’eau en période de chaleur. Ce n’est pas seulement pour boire; on se lave plusieurs fois parce qu’on transpire beaucoup," ajoute Fanta Camara.

Des hommes, des femmes et parfois des enfants se disputent le rang devant le château d’eau du quartier afin d’être servis en eau potable. "En temps normal, je n’ai pas besoin de venir chercher de l’eau parce que mes petites sœurs le font. Mais elles ont du mal à avoir de l’eau rapidement, c’est pour cela que je viens moi-même pour forcer un peu la main aux autres," commente Daba Coulibaly.

Pour ce plombier, les autorités ne font pas leur travail de fourniture d’eau potable aux populations. "Le gouvernement devrait avoir honte qu’il y ait dans la capitale des quartiers n’ayant pas accès à l’eau produite par l’Etat; ce château est l’œuvre d’un particulier," poursuivit Daba Coulibaly.

Mais la tendance sera bientôt renversée, selon Mamadou Diarrassouba, député élu à Dioïla, dans le sud du pays. En effet, pour résoudre le problème, le gouvernement a inauguré en octobre dernier une station ayant couté près de 9 milliards de francs CFA.

L’ouvrage permettra d’assurer l’accès à l’eau potable à plus de 300 000 personnes. "Toutefois, il y a des efforts à fournir pour étendre le réseau public aux quartiers non desservis; la capacité de production d’eau potable pour la population de Bamako est bien inférieure à la demande," explique Diarrassouba.

Grâce à la nouvelle station, il a été réalisé un réseau d’adduction et de distribution d’eau sur une longueur de 74,2 km, la construction d’un réservoir de stockage de 4000 m3 et la réalisation de 1000 branchements et de bornes fontaines. Mais le schéma directeur d’alimentation d’eau potable de la ville de la capitale malienne prévoit des investissements jusqu’à 2032.

Des opérations de distribution d’eau dans des quartiers durement éprouvés par la chaleur visent également à soulager les populations.

 

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