Les arbres : business plein de vigueur, alimenté à l’eau solaire dans l’Ouest du Kenya

  • By Isaiah Esipisu
  • 18/01/2018

Le cultivateur Morris Otieno traverse son bois de grévilléas à Muhanda, un village du comté de Siaya à l’ouest du Kenya. 9 janvier 2018. Fondation Thomson Reuters /Isaiah Esipisu

Share

MASENO, Kenya - Armée d’une pompe à eau solaire pour l’irrigation et d’un terrain d’un demi-hectare emprunté, la veuve Hakima Mohammed est devenue un magnat des arbres de l’ouest du Kenya. Depuis 2013, elle a vendu au moins 1,5 million de plants, principalement aux petits cultivateurs, qui les mettent en terre afin d’améliorer leurs revenus grâce au bois et aux ventes de fruits, particulièrement dans un contexte de sécheresses récurrentes qui ont amoindri les récoltes.

Ce faisant, cette femme de 57 ans a trouvé une façon de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille -- et le Kenya reçoit un coup de main dans ses efforts pour voir au moins dix pour cent de la surface du pays couvert d’arbres d’ici à 2030, dans le cadre d’efforts pour freiner la sécheresse et atteindre les objectifs du changement climatique.  

«C’est un très bon exemple d’entrepreneuriat que j’encourage les jeunes gens à suivre et à faire la même chose dans d’autres endroits du pays », dit Eston Mutitu, chercheur scientifique confirmé auprès de l’Institut kényan de Recherche forestière.

Mohammed, qui habite à Mwiyekhe, un village situé près du Maseno township dans l’ouest du Kenya, a commencé sa pépinière en 2013, peu après la mort de son mari des suites d’une courte maladie. 

Des représentants de l’institut des forêts, où elle a travaillé pendant près de 30 ans à un poste subalterne, lui ont permis d’emprunter une parcelle de terre pour les besoins de sa pépinière, un projet qu’elle avait  évoqué avec son mari avant sa disparition. 

Avec peu d’expérience autre que d’avoir arrosé des plants à l’institut, Mohammed s’est mise au travail en commençant par planter 20 000 plants d’arbres, embauchant des jeunes hommes pour l’aider à porter l’eau d’un cours d’eau pour l’arrosage. 

Ce travail difficile est devenu plus facile en 2016, lorsqu’elle a fait l’acquisition d’une pompe à eau solaire auprès de Futurepump, une entreprise kényane qui met à disposition des pompes à crédit. Un peu d’aide technologique l’a aidé à augmenter de façon spectaculaire le nombre de jeunes arbres qu’elle peut désormais élever et vendre.

«Cela m’a permis d’accroître ma productivité et maintenant j’ai au moins 250 000 plants dans ma pépinière à tout moment de l’année, dans la mesure où je ne dépend plus de la pluie ou du fait d’aller chercher manuellement de l’aide pour arroser les récoltes », explique cette mère de trois enfants, qui n’est pas allée plus loin que l’école primaire dans sa  scolarité. 

CLIENTS A LA PELLE

Les arbres de Mohammed ont trouvé un marché tout prêt parmi les cultivateurs locaux, qui sont comme elle, moins concernés par l’impact environnemental de planter des arbres que par les profits qu’ils peuvent en tirer. 

Sur son terrain de plus d’un peu plus d’un hectare à Mauhanda, un village du comté de Siaya, le fermier a planté un millier d’arbres de la pépinière de Mohammed, essentiellement des eucalyptus mais aussi des grévilléas – originaires d’Australie également – et des cyprès.

Contrairement à beaucoup d’autres pépinières dans la région, qui offrent moins de choix de jeunes arbres, la pépinière de Mohammed propose à la vente 30 espèces qui poussent bien dans la région -- et les cultivateurs peuvent emporter chez eux de 10 à 20 000 jeunes plants en une seule commande, dit-elle.  

A part les arbres fruitiers – y compris les avocats greffés, les mangues, les orangers, les papayes et les nèfles -- elle constate une forte demande pour trois variétés d’eucalyptus, ainsi que pour les grévilléas, les Casuarina (d’Australie également) et les cyprès.

«Nous préférons les eucalyptus car ils poussent vite et uniformément et ils sont en forte demande dans l’industrie du bois », dit Otieno.

Tom Joseph Olumasai Nyangweso, un autre cultivateur qui vit à Ebunyiri, un village au coeur du comté de Kakamega, a planté des eucalyptus sur 0,8 hectare, et des grévilléas sur l’ensemble de la propriété, la plupart constituant des poteaux de cloture vivants. Tous deux disent s’être lancé dans la plantation d’arbres afin d’accroître leurs revenus.

«Dans les trois prochaines années, ses arbres serviront comme poteaux électriques pour la Kenya Power and Lighting Company (la société d’électricité et d’éclairage kényane) ou sur le marché de bois local et cela m’aidera certainement à acheter un autre terrain », dit Otieno, à propos de son bois d’eucalyptus de trois ans d’âge.

Dans l’ouest du Kenya, un eucalyptus de six ans peut valoir dans les 6 000 Kenyan shillings (€49) sur le marché local. Pour 750 arbres - en supposant que 50 d’entre eux puissent avoir des défauts structurels à ce moment-là  - Otieno peut gagner jusqu’à 4,5 million shillings (€ 36 700).

S’il avait planté du maïs chaque année -- la récolte la plus répandue dans la région -- il aurait probablement gagné environ €6,600 sur la même période de six ans, en se basant sur les récoltes moyennes et les prix du marché en cours, dit-il. 

A part les arbres fruités greffés, tous les autres arbres de la pépinière de Hakima se vendent à 10 Kenyan shillings par plant. Elle n’en vend pas moins de 200 000 à chaque saison pluvieuse, ce qui lui rapporte au moins 2 million shillings (€16,300) – et elle ne peut pas faire face à la demande, dit-elle.

«Cela m’a aidé pour la scolarité de mes enfants, où l’un d’eux vient juste d’avoir sa licence et l’autre, un diplôme. Cette pépinière va également être ma principale source de revenus quand je prendrai finalement ma retraite à un moment l’année prochaine », a-t-elle expliqué à la Fondation Thomson Reuters.

 

We welcome comments that advance the story through relevant opinion, anecdotes, links and data. If you see a comment that you believe is irrelevant or inappropriate, you can flag it to our editors by using the report abuse links. Views expressed in the comments do not represent those of Braced or its partners.

Video

From camel to cup

From Camel to Cup' explores the importance of camels and camel milk in drought ridden regions, and the under-reported medicinal and vital health benefits of camel milk

Blogs

As climate risks rise, insurance needed to protect development

Less than 5 percent of disaster losses are covered by insurance in poorer countries, versus 50 percent in rich nations


Disasters happen to real people – and it's complicated

Age, gender, ethnicity, sexual orientation and many more factors must be considered if people are to become resilient to climate extremes


NGOs are shaking up climate services in Africa. Should we be worried?

A concern is around the long-term viability of hard-fought development gains


The paradox of water development in Kenya's drylands

In Kenya's Wajir county, the emphasis on water development is happening at the expense of good water governance


Latest Photos

Tweets

Update cookies preferences