La résilience au Sénégal, un engagement citoyen payant

  • By Aliou Ba, Vivre avec l'Eau
  • 23/10/2017

Photo de Vivre avec l'Eau

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Abdou Ngom habite au quartier Bene Baraque de Yeumbeul nord depuis 2010 avec sa mère et d’autres membres de sa famille. Il se distingue par son engagement citoyen aux causes communautaires et sa lutte contre les désagréments liés au phénomène des inondations.

"En hivernage, notre activité principale a consisté à ouvrir des brèches pour permettre l’écoulement des eaux de pluies et à remplir des sacs de sable pour en faire des ponts de fortune et permettre à certains habitants, prisonniers des eaux, de vaquer à leurs occupations," témoigne-t-il.

Il en a toujours été ainsi jusqu’à ce que la furie des eaux entraîne la démolition de certaines maisons et la transformation d’un pan entier du quartier en une vaste mare où stagnent en toutes saisons les eaux de pluie. Cet espace est communément appelé le lac Madiagne.

Très vite, le lac est colonisé par les typhas et transformé en un dépotoir d’ordures favorisant toutes sortes de maladies.

Au milieu de cet environnement malsain, gagné par l’insécurité et l’insalubrité, les jeunes du quartier ne sont pas restés les bras croisés.

Périodiquement, ils initient des opérations de faucardage et de nettoiement des abords du lac. Abdou Ngom a toujours été à la tête de cette initiative citoyenne.

"Nous sommes les témoins de cette transformation de notre cadre de vie, on s’organisait entre jeunes pour barrer le chemin à l’eau avec des sacs puis avec l’envahissement des eaux, quelques voisins ont été délogés, les maisons détruites et l’espace vers lequel convergeaient les eaux est devenu aujourd’hui le lac Madiagne," dit-il.

"Régulièrement nous procédons au faucardage des herbes qui repoussaient très vite pour baisser l’insécurité qui règne dans la zone. Nous sensibilisons aussi les voisins en leur demandant de ne pas déverser leurs ordures ménagères dans le lac, mais faute d’alternatives, beaucoup d’entre eux continuent encore à en faire un dépotoir"

Cet engagement citoyen a valu au jeune Abdou d’être coopté pour participer aux travaux d’aménagement et de nettoiement des bassins initiés par le projet Vivre avec l’eau.

"Lorsque le projet a commencé ses activités, il y avait un volet faucardage, salubrité et entretien des bassins. On devait recruter deux jeunes par quartier. Naturellement, notre délégué de quartier m’a choisi."

Le jeune Abdou Ngom a marqué les esprits et s’est fait remarquer par son habileté et son engagement.

"J’étais régulier dans le travail, on nous payait à la tâche à raison de 35,000 francs CFA (environ $62) les 100 mètres carrés de surface nettoyée. Mon assiduité et mon abnégation au travail ont poussé l’entrepreneur à me maintenir à la fin des travaux pour m’occuper de l’arrosage des vétivers et de la maintenance de l’espace pour deux mois," explique-t-il.

Un travail qui a permis à Abdou, qui exerçait jusque-là le métier d’apprenti  tailleur, d’avoir quelques revenus et d’apporter son soutien à sa famille aux revenus modestes.

"C’est un travail qui m’a procuré beaucoup de satisfaction en ce sens qu’il m’a permis de réaliser beaucoup de choses pour moi-même et pour ma famille. J’ai par exemple ouvert un petit commerce de légumes (oignon, pomme de terre etc.) pour ma maman. Elle en tire quelques bénéfices qu’elle utilise pour subvenir aux besoins de notre famille," jubile Abdou.

Lui aussi a tracé sa voie en investissant l’argent qu’il a tiré du projet dans des activités sur lesquelles il compte se spécialiser à l’avenir. "Personnellement, j’ai pu acheter une machine à coudre que j’ai d’abord installée chez moi pour continuer à me perfectionner dans mon métier de tailleur avant de la transférer dans notre atelier. J’ai aussi acheté un mouton de race avec comme objectif d’en acquérir d’autres pour me lancer dans l’élevage," explique Abdou.

Selon lui, le projet Vivre avec l’eau a changé le cadre de vie de son quartier avec les nombreux aménagements réalisés autour des bassins et lui a donné raison de continuer à y vivre.

"Le projet nous a aidé à découvrir les opportunités que peut nous procurer la cohabitation avec les eaux comme le maraîchage. Les vétivers plantés dans les berges des bassins seront utiles à l’avenir. C’est pourquoi nous ne cessons de prier pour la réussite du projet et la durabilité de ses réalisations," conclut-il.

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