Marie Laure Kouakou baigne son enfant devant sa maison à Abobo, un quartier d’Abidjan, Côte d’Ivoire, 4 mai 2019. Fondation Thomson Reuters/Peter Yeung
ABIDJAN - Un jour sur deux, Marie Laure Kouakou se réveille à une heure du matin pour aller chercher de l’eau pour sa famille.
Cette mère de trois enfants porte un seau sur la tête à l’aller et au retour vers la source d’eau la plus proche, située à deux ou trois kilomètres. Elle effectue le trajet environ une douzaine de fois afin de remplir le réservoir familial de 200 litres.
Il y a assez d’eau pour environ deux jours pour boire, prendre un bain, nettoyer et laver le linge.
Marie Laure, totalement épuisée à la fin des allers retours, n’a pas fini sa tâche avant le lever du jour. Elle doit ensuite partir de nouveau pour sa journée de travail comme assistante dans une école du coin.
« Parfois, je n’ai pas assez d’énergie et nous devons donc nous débrouiller pour un moment avec assez peu d’eau », dit cette femme de 39 ans, qui transpire sous le dur soleil de midi à Abidjan.
Sa maison de parpaings, qui abrite quatre familles, se situe à Abobo, un quartier défavorisé avec très peu d’infrastructures et d’eau courante dans le nord de la plus grande ville de Côte d’Ivoire.
D’après les habitants et les experts, une croissance rapide de la population, une urbanisation en hausse et le changement climatique ont rendu plus difficile l’approvisionnement en eau à Abidjan, et conduit à des pénuries récurrentes.
« Depuis les années 70, le changement climatique a entraîné une chute de 10 à 20 % de la pluviométrie, ce qui signifie que les réserves d’eau souterraines sur lesquelles compte la ville ne sont pas restaurées et ont baissé », dit Bamory Kamagaté, un scientifique spécialisé dans l’eau à l’université de Nangui Abrogoua à Abidjan.
Déforestation, urbanisation et agriculture ont également réduit la qualité naturelle de l’eau, a-t-il ajouté, tandis que la ‘croissance incontrôlée’ de la population a augmenté la demande.
Le taux de fertilité en Côte d’Ivoire est 4,8 naissances par femme, l’un des plus élevé du monde, selon la Banque Mondiale.
En 2015, 40% des Africains de l’Ouest vivaient dans les zones urbaines et les Nations Unies estiment que se sera 60% en 2050.
Un rapport de l’Organisation publié en mars a mis en évidence le fait que l’eau utilisée dans le monde a augmenté de 1% par an depuis les années 80 et aujourd’hui, plus de deux milliards de personnes vivent dans des pays subissant une grande pression liée à l’eau.
A l’horizon 2050, la demande mondiale pour l’eau va continuer d’augmenter, jusqu’à 30%, selon le rapport des Nations Unies.
« Les niveaux de pressions vont continuer de croître avec l’augmentation de la demande pour l’eau et l’intensification des effets du changement climatique », note le rapport.
CONDUITES D’EAU, COMPTEURS MALINS
L’année dernière à Bouake, la deuxième ville de Côte d’Ivoire, une pluviométrie réduite a entraîné trois semaines sans eau courante et le gouvernement a du recourir à des camions-citernes pour amener des approvisionnements en eau d’urgence.
Des milliers de personnes ont du temporairement déménager à Yamoussoukro, la capitale de la Côte d’Ivoire.
Depuis 2011, un financement de l’Agence française de Développement (AFD) a aidé le gouvernement ivoirien a construire des conduites d’eau pour 12 000 maisons dans les zones les plus pauvres d’Abidjan.
Des compteurs intelligents qui suivent la consommation et forment les habitants à utiliser l’eau plus efficacement.
La consommation en eau est surveillée en temps réel par ordinateur et les familles disposant des compteurs paient 66% de moins sur leurs factures d’eau que la moyenne, selon l’Agence française de Développement.
En avril de l’année dernière, environ 22 000 compteurs intelligents avaient été installés.
Mais avec une population en croissance rapide de près de 5 millions, contre moins de 2 millions en 1988, beaucoup d’habitants d’Abidjan continuent d’avoir du mal à accéder à l’eau.
«La pauvreté et le manque d’infrastructures rendent les choses difficiles à Abobo», dit Jeff Touré, un coordinateur d’Action contre la Faim à Abidjan, une ONG basée à Paris, qui aide à mettre le projet de développement français.
« Des quartiers précaires comme ceux-là ont eu des poussées de croissance non planifiées », dit-il.
Le million de résidents d’Adobo ont du acheter de l’eau auprès d’entreprises privées.
Delphine,Koffi Adjoua, une femme de ménage de 36 ans, qui travaille dans un hôtel, dit dépenser jusqu’à 2000 CFA (environ €3) en eau par jour pendant les pénuries régulières à Abobo.
« C’est énormément d’argent pour nous et on ne peut pas tout le temps se le permettre », dit-elle.
EAU NEUVE
Le mois dernier, la Côte d’Ivoire a signé un contrat de 164 600 euros avec une entreprise américaine pour construire une usine de traitement de l’eau de la Lagune Aghien, grande réserve d’eau potable près d’Abidjan. L’usine doit être terminée en 2021.
« Nous investissons et essayons de construire des réseaux solides pour diffuser l’eau mais c’est un processus coûteux et compliqué », dit Virginie Djédjé, à la tête de l’Office National d’Eau potable pour Abidjan.
« C’est un problème auquel font face tous les pays de l’Afrique subsaharienne et on n’est pas près de s’en débarrasser », ajoute-t-elle.
Une étude publiée par la Banque de Développement africaine a estimé l’année dernière que le continent devrait dépenser dans les 170 milliards de dollars (environ 150 milliards d’euros) chaque année pour améliorer ses infrastructures, dont 58,5 milliards d’euros pour l’accès universel à l’eau et à l’assainissement.
Mais seulement environ 64 milliards sont disponibles annuellement pour de tels projets, d’après l’étude.
Jusqu’à ce que les problèmes soient résolus, les habitants d’Abidjan vont devoir composer avec un accès incertain à l’eau.
« Ma famille et moi ne sommes pas exigeants mais nous voulons de l’eau », dit Marie Laure.
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