Girl in Chad - photo courtesy of Colette Benoudji
Quand les chercheurs ont commencé à se pencher sur les efforts entrepris par une ONG dans le domaine du développement afin d’améliorer la résilience au changement climatique, ils ont fait une découverte qu’ils n’avaient pas anticipée.
Plusieurs femmes interviewées ne parlaient pas de la sécheresse ou des mauvaises récoltes comme étant leur première préoccupation, mais mentionnaient plutôt la violence très répandue à laquelle elles et d’autres devaient faire face.
Selon elles, les mariages précoces et la mutilation génitale féminine n'étaient pas rares et 35% des femmes environ rapportaient avoir été frappées, violées ou abusées psychologiquement par leurs maris. D’autres femmes ont vu leurs filles qui refusaient d'être mariées de force avoir la gorge tranchée.
Dans cette partie du Tchad, « la violence est le statu quo pour toute femme», dit Colette Benoudji, qui aide à l’analyse des enseignements du programme pour la Construction de la Résilience et l’Adaptation aux Extrêmes climatiques et aux Catastrophes (BRACED) au Tchad, et coordonne également Lead Tchad, une association de développement durable dans le pays.
Mais lorsque Colette Benoudji et Virginie Le Masson, une collaboratrice de BRACED et chercheuse au sein de l’Institut de développement d’Outremer (ODI) à Londres, ont approché l’organisme caritatif implanté dans la zone avec leurs découvertes, ses membres ont hésité à s’en occuper.
« L’ONG a dit que ce sujet est très tabou. On ne peut pas parler de ça au Tchad », se souvient Benoudji.
Mais suite à des entretiens avec quelque 140 femmes, « nous avions amassé énormément d’informations effrayantes », dit Le Masson. La question s'est alors posée de savoir « de quel mandat nous disposons pour agir sur la violence contre les femmes ? »
Le problème, indique Le Masson, est que la violence contre les femmes « renforce la vulnérabilité des personnes à d’autres risques », y compris le changement climatique - un problème que d’autres chercheurs lors de la conférence Adaptation Futures cette semaine au Cap disent également rencontré dans leur travail.
En Afrique du Sud, par exemple, la peur de la criminalité et la violence sexuelle empêchent certaines femmes de quitter leur domicile pour trouver du travail ou vendre les produits qu’elles fabriquent, dit Sheona Shackleton, spécialiste en développement rural et directrice adjointe de l'Institut africain du Climat et du Développement.
Les menaces sur les femmes ne sont « pas mentionnées suffisamment comme étant une barrière à la construction de la résilience », dit-elle.
Deborah O’Connell, une chercheuse australienne qui travaille sur les risques liés au climat et la résilience auprès de la CSIRO (l'Organisation de la Recherche scientifique et industrielle du Commonwealth) dit que la menace de la violence freine beaucoup de femmes alors qu’elles luttent pour trouver des moyens de faire face aux menaces climatiques en constante évolution.
«Vous ne pouvez pas faire preuve de créativité quand vous vivez dans la peur », note-t-elle.
Qu’ont fait les chercheuses avec les histoires personnelles de violence contre les femmes collectées au Tchad ? Elles ont contribué à changer les paramètres de ce qui compte comme résilience dans leur travail, pour prendre en compte les risques auxquels les femmes sont confrontées, a déclaré Le Masson.
Mais elles ont également emmené leurs trouvailles au ministère tchadien des femmes, qu'elles avait déjà alerté sur leurs recherches sur le sujet.
Dans un pays où la violence contre les femmes est illégale, la ministre a ensuite invité des représentants d’autres ministères gouvernementaux et d’autres femmes de haut rang au gouvernement à un atelier où elles ont partagé les résultats de leurs recherches.
Des journalistes au Tchad ont repris le sujet et le premier ministre du pays s’est dit choqué d’entendre les histoires personnelles des femmes de son pays ayant subies de telles violences.
Bien évidemment, tout le monde n’a pas été impressionné par le travail des chercheuses. Un commissaire de police a qualifié leur travail de mensonger, se souvient Le Masson, et a déclaré que la prochaine fois qu’elles iraient sur le terrain un de ses hommes les accompagnerait pour garder un oeil sur elles.
Comme beaucoup d’efforts de consolidation de la résilience, l’histoire n’a pas connu un épilogue clair. Un mois après avoir présenté les données, la ministre des femmes a quitté son poste et la personne qui lui a succédé n’est restée que très brièvement si bien que, faute de quelqu’un de clairement identifiable pour le porter, le sujet n’a pas vraiment progressé.
Si la ministre était restée en poste, « je suis certaine que nous aurions changé beaucoup de choses », a déclaré Benoudji. Mais pour l’heure, au Tchad, il persiste « un écart entre les cadres légaux (qui interdisent la violence contre les femmes) et ce que l’on voit dans la réalité », dit-elle.
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