Alou Camara visite son champ où pousse une nouvelle variété de sorgho, le Jakumbè, dans le village de Siby, au Mali, le 15 septembre 2018. Fondation Thomson Reuters/Soumaila Diarra
SIBY, Mali - L’année dernière, quand la sécheresse est survenue au milieu de la saison de croissance dans le sud du Mali, Baba Berthé a perdu toute sa récolte de maïs, sur deux hectares. «Je n’ai rien pu récolter », se souvient le cultivateur au bouc grisonnant vêtu d’une robe blanche.
Mais la catastrophe a été évitée quand une parcelle de sorgho résistant à la sécheresse, également plantée par ses soins, s’est développé malgré le manque d’eau.
Cette récolte «m’a sauvé», produisant 2,4 tonnes de céréales à partir d’un hectare de terre, raconte l’agriculteur du district rural de Siby.
Alors que les changements climatiques entraînent des conditions météorologiques plus irrégulières dans le Sahel, aggravant la sécheresse, mettre en place des cultures capables de résister à des conditions extrêmes peut aider à éviter un éventail de crises, allant de l’aggravation de la faim à la migration, ont indiqué les experts.
Dans le sud du Mali, les récoltes plus résistantes gagnent du terrain, en particulier lorsque les agriculteurs en voient les résultats dans leurs propres champs, disent-ils.
« J’ai vraiment compris l’importance de ces nouvelles souches l’année dernière », dit Berthé, 56 ans, assis sous un grand manguier lors de la réunion hebdomadaire de la Coopérative des Producteurs de Semences de Siby.
Le maïs, dit-il, « est une céréale qui a besoin de beaucoup d’eau », et le sud du Mali n’en dispose plus de façon fiable.
Les nouvelles variétés de semences résistantes ont été développées par des scientifiques de l’Institut d’économie rurale (IER), un institut de recherche fondé par le gouvernement malien pour répondre aux divers niveaux de précipitations dans le pays, déclare Abdoulaye Diallo, sélectionneur de semences et chef du programme IER sur le sorgho.
« Nous sommes confrontés aux effets du changement climatique », dit-il.
Au cours des 60 dernières années, dit-il, les précipitations ont chuté de 15 à 20% au Mali, selon les régions, et cela a affecté les récoltes.
Les agriculteurs maliens travaillent leurs champs pendant la saison des pluies, qui dure de juin à octobre dans certains endroits du sud du pays. Mais plus au nord, la saison est plus courte et dans certaines zones, on n’enregistre que deux mois de pluie par an.
Pour faire face aux conditions difficiles, les chercheurs maliens ont dans certains cas créé des variétés hybrides qui croisent des cultures locales traditionnelles avec d’autres variétés à l’étude.
Diallo dit que que les céréales hybrides, comme le sorgho planté par Berthé, peuvent donner un rendement de trois à quatre tonnes par hectare, par rapport à des variétés non-hybrides qui atteignent deux ou trois tonnes même les bonnes années.
« Le défi consistait à trouver des variétés capables de supporter la sécheresse après la floraison », déclare Aboubacar Touré, un sélectionneur de semences à l’IER.
Les variétés capables de résister à la sécheresse doivent généralement fleurir tôt, être résistantes à la sécheresse ou les deux, dit-il.
‘PANIER PLEIN’
Alors qu’un nombre croissant d’agriculteurs de Siby se tournent vers de nouvelles variétés de semences pour se protéger des chocs climatiques, les producteurs de semences locaux constatent une augmentation de leurs revenus.
Alou Camara, président de la Coopérative des Producteurs de Semences de Siby explique qu’il achète des semences capables de supporter les conditions changeantes pour 500 francs CFA (1 dollar) par kilogramme et les vends à d’autres cultivateurs pour 750 francs CFA francs, soit cinq fois le prix des semences traditionnelles.
Malgré tout, « tout ce que nous avons produit en semences a été acheté l’année dernière et l’année d’avant, c’était la même chose », dit Camara.
Touré à l’IER dit que les petits exploitants ont donné aux nouvelles variétés de sorgho des noms « très parlants » et qui en disent long sur leur succès. ‘Seguifa’, par exemple, signifie « panier plein », tandis que ‘jakumbè’ veut dire « anti-sécheresse ».
Mais tous ne se félicitent pas des nouvelles cultures. Certains agriculteurs se plaignent de ne pas pouvoir se payer les nouvelles semences résistantes à la sécheresse sur lesquelles ils comptent désormais. Au cours des années précédentes, ils utilisaient simplement les semences de la saison d’avant.
Mais les qualités hybrides des nouvelles variétés diminuent avec le temps, explique N'fally Coulibaly, un agriculteur de Siby farmer, ce qui signifie que lui, et d’autres agriculteurs voudrait pouvoir acheter des nouvelles semences chaque année.
« Le problème avec les nouvelles variétés, c’est qu’elles ne sont pas gratuites et juste avant la saison des pluies nous n’avons pas d’argent. C’était différent avant », dit Coulibaly.
Un autre problème, dit-il, est le manque d’informations sur les caractéristiques des nouvelles variétés -- et la mauvaise publicité qui a accompagné leur introduction.
« Beaucoup de gens ont d’abord hésité car ils pensaient que c’était des cultures génétiquement modifiés », ce qui s’est révélé ne pas être le cas, dit-il.
Coulibaly souhaiterait voir plus d’efforts déployés pour expliquer aux agriculteurs la différence entre les semences hybrides, développées sur le terrain à l’aide de techniques naturelles, et les semences génétiquement modifiées, développées en laboratoire.
« Cela a eu une influence majeure sur leur adoption au départ », dit-il.
« Mais une fois que les sécheresses sont arrivées, les gens ont rapidement vu les rendements supérieurs et ont changé d’avis », dit-il.
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